Que retenir de la COP 15 de Montréal ?

Vous n’avez pas eu le temps de relire les rapports de la COP 15 de Montréal ? Je décrypte pour vous les messages essentiels.

Retrouvez la vidéo sur Youtube :

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C’est quoi une COP ?

Pour recadrer un peu, COP signifie conférence des parties. Jusque là, on avait surtout entendu parler des COP climat (comme par exemple la COP 27 de Sharm El-Sheikh fin 2022).

L’origine des COP remonte au Sommet de Rio de 1992, durant lequel les pays membres de l’ONU se sont rassemblés pour signer trois conventions autour du développement durable :

• la convention cadre des nations unies sur les changements climatiques,
• la convention sur la diversité biologique,
• la déclaration sur les principes de gestions des forêts.

Pour chacune de ces conventions, des COP sont organisées tous les deux ans avec pour objectif de faire le point sur les avancées et de réactualiser si besoin les objectifs.

Pourquoi parler biodiversité ?

La COP15 de Montréal, orientée biodiversité, a été un jalon important car la planète connait un déclin affolant de la biodiversité, à cause de nos activités humaines. Concrètement, on est en train de connaitre (commettre ?) la 6ème extinction de masse, du jamais vu depuis la disparition des dinosaures : le rythme de disparition des espèces est 100 à 1 000 fois supérieur au taux naturel…

Un million d’espèces végétales et animales sont menacées d’extinction, 75% de la surface terrestre est dégradée par les activités humaines, 85% des zones humides ont disparu….

Sciences et Avenir

Notre vie sur Terre dépend de la qualité de l’air, de la qualité de notre nourriture, de la qualité l’eau… qui sont régulés par le monde naturel. De plus, ces écosystèmes sont un véritable atout pour limiter le changement climatique car ils stockent la moitié du CO₂ que nous émettons. Le problème, c’est que ces milieux sont également dégradés à cause du changement climatique…

Plus de la moitié du PIB mondial (près de 42 000 milliards de dollars, dépend d’écosystèmes sains.

Source: Novethic

Soit dit en passant, l’être humain fait aussi partie intégrante de la biodiversité. Pour simplifier, si la biodiversité sauvage disparait, l’être humain ne tiendra pas longtemps…

La COP 15 résumée :

La COP15 avait pour objectif de parvenir à un accord international pour stopper et inverser la perte de biodiversité d’ici 2030.

190 dirigeants du monde entier se sont donc retrouvés pendant 12 jours à Montréal pour trouver des accords afin de protéger la biodiversité.

Voici le résumé des 23 mesures qui ont été prises :

• Protection de 30 % de la planète d’ici 2030 (aujourd’hui seuls 17% des terres et 8% des mers sont protégées). C’est l’accord phare de cette COP, l’équivalent de l’objectif de +1.5°C des accords de Paris en terme de gestion du réchauffement climatique
• Restauration de 30% des écosystèmes terrestres ou marins, tout en réduisant de moitié le taux d’introduction d’espèces invasives.
• Réduction de la moitié du risque global des pesticides et produits chimiques très dangereux. L’idée serait d’interdire certains produits très néfastes : on regarderait donc la toxicité du produit plutôt que la dose utilisée, et ça c’est plutôt bon signe car certains produits sont ultra nocifs, même si on n’en utilise qu’une infime quantité.
• Augmentation des financements en faveur de la protection du vivant, afin d’aider notamment les pays du sud à s’impliquer dans la démarche.

Réflexion partagée…

Alors effectivement, cette COP se donne plus de moyens pour limiter la destruction de la nature mais… j’attends de voir l’implication des pays… A titre d’exemple, les COP climat n’ont pas fondamentalement bouleversé nos modes de vie et les décisions de nos politiques…

Ensuite, il s’agit uniquement d’objectifs mutualisés. Donc, par exemple, chaque pays ne devra pas obligatoirement protéger 30% des aires naturelles de son territoire, ça sera bien 30% à l’échelle planétaire. Et ça, on sait tous comment ça fonctionne car la nature humaine est ainsi faite : on comptera sur l’implication de son voisin, pour en faire le minimum chez soi, et ce pour toutes les “bonnes” raisons du monde.

De plus, aucun mécanisme contraignant n’a été mis en place pour inciter les pays à atteindre leur engagement. Quand on voit l’efficacité des Accords de Paris…

La question du calendrier se pose également : 2030 c’est très proche notamment à l’échelle de la mise en application d’une politique nationale d’aussi grande envergure, mais c’est en même temps super loin quand on voit le rythme de disparition des espèces.

J’espèce sincèrement me tromper, mais il y a de forts risques que la COP15 de Montréal prenne le même chemin que la COP10 de Nagoya qui s’est tenue en 2010. Sur les 20 objectifs de Nagoya, qui devaient tous être atteints 10 ans plus tard (donc en 2020), aucun n’a été rempli, et seuls 6 ont été partiellement atteints. Pas très très glorieux…

On se donne donc rdv dans quatre ans pour faire un bilan de cette COP15 !